Tout public à partir de 12 ans
Durée 1h35
L’École des maris est un tournant dans l’œuvre de Molière. Très jouée à l’époque, elle est aujourd’hui peu montée. L’auteur place au cœur de la pièce vérité et liberté des sentiments.
Deux jeunes sœurs orphelines, Léonor et Isabelle se voient confiées à la mort de leur père à deux frères d’âge mûr, Ariste et Sganarelle. Ces derniers sont chargés par contrat ou de les épouser ou d’en disposer. Bien qu’ayant des conceptions différentes sur l’éducation, les tuteurs nourrissent tous deux des espoirs envers elles… Isabelle échappe à un Sganarelle amoureux et despote pour rejoindre Valère.
Cette œuvre en alexandrins aux allures de farce jubilatoire touche à des questions sociales et politiques. Profondément humaine, elle recèle une dimension existentielle et poétique.
Le personnage de Sganarelle donne à voir multiples facettes de nos humanités et de nos paroxysmes. Artisan méticuleux de sa propre chute, souvent considéré comme le personnage aveugle de la farce, celui à qui on doit ouvrir les yeux, il est peut-être celui qui en définitive offre la transparence de son désordre intérieur. C’est drôle et tragique. Ou drôle parce que tragique.
Ariste, son frère aîné au caractère opposé est proche du Philinte du Misanthrope. Sa tempérance et sa tolérance, sa philosophie, ses valeurs lui confèrent son adaptabilité au monde social.
Avec Isabelle, mais aussi Léonor et Lisette, Molière témoigne de sa position vis-à -vis des personnages féminins de son œuvre. Il raconte la confusion entre le droit de l’amour et le droit des femmes et pose la question de la liberté et du libre arbitre dans la relation femme/homme.
Avec L’École des maris, il en va du désir de raconter avec poésie la complexité des rapports amoureux mais aussi de mettre en résonance cette pièce de 1661 avec aujourd’hui. Elle témoigne du chemin qu’il nous reste à accomplir quant à la question d’équité, de parité, de la domination masculine jusqu’aux plis du langage.
Alain Batis